Bogotá, 15 février 2025 – Une semaine après avoir exigé la démission collective de son gouvernement, le président colombien Gustavo Petro a dévoilé ce lundi la composition de son nouveau cabinet. Ce remaniement, présenté comme une tentative de relancer son programme de réformes, intervient alors que son administration traverse l’une de ses plus grandes crises politiques depuis son élection en 2022.
Un virage stratégique pour sauver les réformes
Face aux blocages répétés au Congrès et à la fronde interne de certains ministres, Petro a opté pour un gouvernement plus aligné sur ses ambitions politiques. Parmi les figures clés du nouvel exécutif, Camilo González Posso, un économiste proche du président, prend la tête du ministère de l’Environnement après le départ de Susana Muhamad. De son côté, María José Pizarro, sénatrice et fille du leader révolutionnaire assassiné Carlos Pizarro, est nommée ministre du Travail, un signal fort pour les syndicats et les mouvements sociaux.
« Ce gouvernement renouvelé aura pour mission d’accélérer les réformes et de garantir qu’elles profitent à tous les Colombiens, sans exception », a déclaré Petro lors de la cérémonie d’assermentation des nouveaux ministres.
Une opposition renforcée et une coalition fragile
Ce remaniement ne convainc pas tout le monde. L’opposition de droite, dirigée par l’ancien président Álvaro Uribe, dénonce un “repli idéologique” et accuse Petro de gouverner par la confrontation plutôt que par le dialogue.
Même au sein de la coalition présidentielle, des tensions subsistent. Certains alliés modérés, comme les libéraux de César Gaviria, hésitent à soutenir un gouvernement perçu comme plus radical. Le Congrès, où Petro ne dispose pas d’une majorité stable, pourrait ainsi devenir un champ de bataille encore plus rude pour l’exécutif.
Les défis à venir : mobilisation sociale et COP16
Alors que la réforme du travail et celle du système de santé restent en suspens, le gouvernement Petro mise sur une mobilisation populaire pour faire pression sur les parlementaires. Une grande marche nationale est prévue début mars pour soutenir les réformes, une stratégie déjà utilisée par le président en 2023.
Par ailleurs, la Colombie accueille en novembre la COP16 sur la biodiversité, un événement international qui pourrait renforcer la stature de Petro à l’étranger, mais qui nécessitera une stabilité politique interne pour garantir son succès.
Un pari risqué
Avec ce remaniement, Gustavo Petro tente un coup de poker : s’entourer de ministres plus loyaux pour accélérer son programme, quitte à s’isoler davantage politiquement. Reste à savoir si ce choix portera ses fruits ou précipitera une nouvelle vague de crises.