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Haïti : L’Insécurité Mine la Santé Mentale de la Population

Port-au-Prince, 14 mars 2025 – La montée en flèche de l’insécurité en Haïti ne se limite plus aux agressions physiques et aux enlèvements. Elle s’attaque sournoisement au moral des citoyens, créant une crise silencieuse : celle de la détresse psychologique. Dans un climat où la peur est omniprésente, l’anxiété, la dépression et le stress post-traumatique deviennent des réalités quotidiennes pour de nombreuses familles haïtiennes.

Une Peur Qui S’installe dans le Quotidien

Le bruit des balles, l’incertitude du lendemain et l’omniprésence des gangs plongent la population dans un état d’alerte constant. « Il devient difficile de dormir, de se projeter dans l’avenir ou simplement de vivre normalement », témoigne Sandra, mère de deux enfants à Delmas. « Chaque sortie de la maison est un risque, et l’angoisse ne nous quitte jamais. »

Selon le psychologue social Me Prophète, cette exposition prolongée à la violence entraîne un stress chronique. « Lorsque l’insécurité devient la norme, la population développe des troubles anxieux sévères. Nous observons une hausse des crises de panique, des insomnies et même des syndromes dépressifs sévères. »

Un Impact Psychologique Sous-Estimé

Les conséquences de cette situation ne se limitent pas aux individus directement touchés par la violence. L’ensemble du pays est affecté, des enfants traumatisés par les tirs quotidiens aux entrepreneurs qui vivent dans l’incertitude.

Les réseaux sociaux et les médias amplifient le sentiment de peur en relayant en continu des images d’attaques et de chaos. Pour certains, cette surcharge d’informations crée un état de sidération. « Il devient difficile de se concentrer, de travailler ou d’étudier quand l’esprit est envahi par la peur », confie Exavier, étudiant en psychologie.

Entre Résilience et Nécessité d’Agir

Malgré cette situation, le peuple haïtien continue de faire preuve d’une incroyable résilience. Les solidarités se renforcent, et certains tentent d’apporter du soutien psychologique à leur entourage. « Nous n’avons pas le choix, nous devons nous entraider », affirme Christeïla, militante dans une association de soutien aux victimes de traumatismes.

Toutefois, cette résilience ne suffit pas. Les spécialistes appellent à des actions urgentes pour encadrer et traiter cette crise mentale grandissante. L’ouverture de centres d’écoute, la formation de psychologues spécialisés en traumatologie et des campagnes de sensibilisation sur la santé mentale sont autant de mesures essentielles pour prévenir un effondrement collectif.

Alors que l’insécurité persiste, préserver la stabilité psychologique des Haïtiens devient une priorité. Car au-delà des pertes humaines et matérielles, c’est l’équilibre même de la société qui est en jeu.

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