1007796367-2

Transition en déroute : les privilèges du CPT pendant que la nation s’effondre

Port-au-Prince – Alors que le pays sombre chaque jour un peu plus dans le chaos, une question taraude l’opinion publique : comment les membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) quitteront-ils un pays qu’ils ont contribué à enfoncer dans la crise ?

Créé pour ramener la stabilité en Haïti, le CPT représente aujourd’hui aux yeux de nombreux citoyens un symbole d’échec et d’abandon. Composé de représentants de divers courants politiques et secteurs de la société – parmi eux le Collectif du 30 janvier, Fanmi Lavalas, Accord de Montana, RED, Pitit Desalin, EDE, REN, la société civile et le secteur privé – le conseil n’a pas tenu ses promesses. L’insécurité règne, les écoles restent fermées, les hôpitaux dysfonctionnent, et les routes sont impraticables.

Des millions engloutis dans les privilèges

Pendant que la population vit dans la peur, chaque conseiller du CPT perçoit plus de 700 000 gourdes par mois : un salaire de 225 000 gourdes, des frais additionnels de 75 000, et une enveloppe de 400 000 gourdes pour une deuxième résidence. À cela s’ajoutent des fonds émanant du service d’intelligence. Le coût total mensuel pour les neuf membres du conseil dépasse les 9 millions de gourdes.

La situation est encore plus frappante du côté du Premier ministre, qui reçoit 18 millions de gourdes par mois du service d’intelligence, en plus de 5 millions pour le Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) et 5 millions de frais divers. Son budget mensuel atteint 28 millions de gourdes, pendant que l’État n’arrive même pas à garantir de l’eau potable ou de l’électricité à la population.

Un pays à l’arrêt

Depuis novembre 2024, l’aéroport international Toussaint Louverture est fermé aux vols commerciaux. La Federal Aviation Administration (FAA) a suspendu les liaisons en raison des tirs de gangs à proximité. Malgré plusieurs tentatives infructueuses, la sanction reste en vigueur jusqu’au 8 septembre 2025. Les quelques vols décollant du Cap-Haïtien n’apportent pas d’espoir, la Route Nationale #1 étant elle-même sous contrôle de groupes armés.

Les promesses de sécurisation des axes routiers, notamment celle de Leslie Voltaire, un des membres du CPT, n’ont jamais été suivies d’actions concrètes.

La grande évasion ?

Face à cette réalité, une question revient : comment quitteront-ils le pays ?
Fuiront-ils par hélicoptère ou par voie maritime, comme le font de nombreux Haïtiens désespérés ? Utiliseront-ils leur position pour embarquer sur un vol humanitaire géré par la Protection Civile ? Ou trouveront-ils une autre issue discrète, à l’abri des regards ?

Ce que beaucoup redoutent aujourd’hui, c’est un départ précipité et silencieux, sans rendre de comptes à une population trahie.

Une transition sans honneur

Ce Conseil, censé redonner confiance, laisse derrière lui un pays plus fracturé que jamais. La population, appauvrie et épuisée, observe avec colère et désillusion une élite politique qui a préféré les privilèges au devoir.

Et pourtant, malgré l’évidence de l’échec, aucun membre du CPT n’a encore eu le courage de reconnaître sa part de responsabilité. La dignité, comme l’électricité ou la sécurité, semble être devenue une denrée rare dans cette transition ratée.

Tags: No tags

Les commentaires sont fermés.