Port-au-Prince, 8 mai 2025 — Un nouveau scandale de corruption frappe les institutions publiques haïtiennes. Un rapport d’enquête publié par l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) révèle un important réseau de détournement de fonds à la Direction de l’immigration et de l’émigration (DIE), impliquant directement son ancien directeur, Stéphane Vincent.
Un système organisé de fraude sur les passeports
Entre septembre et novembre 2024, selon les conclusions de l’ULCC, plus de 3,6 millions de gourdes ont été détournées. L’enquête démontre que 556 passeports ont été délivrés sans que les timbres fiscaux obligatoires exigés par la Direction Générale des Impôts (DGI) ne soient payés.
Ce détournement a été facilité par l’utilisation d’un compte informatique illégal, créé sous le nom de Fernando Victor. Ce compte a permis de traiter clandestinement des demandes de passeport hors du système officiel. Stéphane Vincent a avoué avoir eu un contrôle exclusif sur ce compte, ce qui écarte toute possibilité de piratage.
Des cadres de la DIE également impliqués
L’ULCC cite aussi trois autres anciens responsables dans son rapport :
- Lesly Saint Juste, chef du CRLDI à la SONAPI,
- Marriantha Merone et Rubens Pauleon, ex-responsables du CRLDI de Pétion-Ville.
Ils sont tous soupçonnés d’avoir contribué à la mise en place de ce système frauduleux bien structuré.
Recommandations de l’ULCC
Face à la gravité des faits, l’ULCC recommande :
- un audit complet financier et informatique de la DIE,
- un accès direct de la DGI aux bases de données de l’immigration pour vérifier les timbres en temps réel,
- et surtout, des poursuites judiciaires pour abus de fonction, détournement de biens publics et association de malfaiteurs.
Une corruption enracinée dans les institutions haïtiennes
Ce nouveau dossier de corruption met en lumière la faiblesse persistante des mécanismes de contrôle interne au sein de nombreuses institutions publiques haïtiennes. Les détournements de fonds deviennent plus sophistiqués et systématiques, posant un véritable défi à la bonne gouvernance et à la transparence.