Port-au-Prince, 8 mai 2025 — L’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a publié un rapport accablant sur la gestion du Centre de Réception et de Livraison des Documents d’Identité (CRLDI) de Saint-Marc. L’enquête met en cause Washny Bien-Aimé, directeur du centre, et Castel Estilus, administrateur, pour une série de pratiques illégales et fautes graves de gestion.
Un compte bancaire illégal et des transferts suspects
Selon l’ULCC, les deux responsables ont ouvert un compte bancaire conjoint, destiné à la gestion des fonds du centre, en dehors de tout cadre légal. Ce montage constitue une infraction à la loi du 4 mai 2016 sur les finances publiques. Pire encore, Washny Bien-Aimé aurait transféré de l’argent public à des entreprises privées — PR Entreprise S.A. et PC Haïti — sans pouvoir en identifier les bénéficiaires.
🧾 L’ULCC les qualifie de « comptables de fait », passibles de poursuites pour usurpation de titre(article 105 de la loi sur les finances publiques).
Per diem abusifs et gestion opaque
L’enquête révèle aussi que M. Bien-Aimé s’est attribué entre 5 000 et 7 500 gourdes de per diem quotidien, en plus de son salaire brut de 51 300 gourdes, sans base légale. Il est accusé d’abus de fonction et de concussion, au sens de la loi du 12 mars 2014 sur la corruption.
Malgré plusieurs relances, le responsable n’a jamais présenté les pièces comptables exigées, prétextant un vol ou l’insécurité. Ces refus sont considérés comme une entrave à la justice, et peuvent entraîner des sanctions pénales.
Une structure sans contrôle ni transparence
Le rapport souligne que le CRLDI fonctionne sans organigramme, ni règlement interne, et sans mécanismes de gestion des plaintes. Cette absence de cadre formel rend le centre particulièrement vulnérable à la corruption.
L’ULCC évoque également de possibles conflits d’intérêts entre Castel Estilus et l’agence Best & Best, avec qui des liens opaques subsistent.