Police nationale d’Haïti (PNH)

Port-au-Prince sous tension : la PNH intensifie sa lutte contre les gangs armés

La peur a changé d’adresse, mais elle habite toujours Port-au-Prince. Alors que les gangs étendent leur emprise sur la capitale haïtienne, la Police nationale d’Haïti tente de reprendre le contrôle par des opérations ciblées. Mais à quel prix ? Des civils pris au piège, des institutions déplacées, des maisons incendiées. Ce combat pour la sécurité dépasse désormais le cadre sécuritaire pour devenir une question de survie collective.


Port-au-Prince, 3 juin 2025 — Plusieurs membres de gangs ont été tués ces derniers jours dans la capitale haïtienne lors d’opérations menées par la Police nationale d’Haïti (PNH), appuyée par des brigades de vigilance. Ces interventions visent à reprendre le contrôle des zones sous l’influence grandissante des groupes criminels.

Le lundi 2 juin 2024, à Pacot, plusieurs bandits ont été abattus lors d’affrontements avec les forces de l’ordre. Des tirs nourris ont également été signalés à Delmas 30, Nazon, Christ-Roi et dans d’autres quartiers de Port-au-Prince.

Le dimanche 1er juin 2025, la Brigade d’opérations et d’interventions départementales (BOID) a neutralisé plusieurs individus armés à l’Avenue Poupelard et à la rue Sylvia, où ils tentaient d’implanter une nouvelle base.

Civils piégés entre deux feux

Les tensions sont particulièrement vives à proximité de l’aéroport international Toussaint Louverture, dans des quartiers comme Cité Militaire et Village Solidarité. Les affrontements fréquents ont gravement perturbé les activités commerciales et la circulation.

Entre le 30 mai et le 1er juin, des attaques coordonnées par le gang Kraze Baryè, en alliance avec le gang 400 Mawozo, ont frappé l’est de la capitale. À Kébreau (Pétion-Ville), plusieurs civils ont été tués chez eux. Des habitations ont été incendiées, provoquant un nouvel exode de familles vers d’autres quartiers.

La capitale à genoux : 28 zones sous contrôle des gangs

Depuis juin 2021, Martissant est entièrement contrôlé par des groupes armés. Le Centre d’analyse et de recherche en droits humains (CARDH) dénombre aujourd’hui 28 zones passées sous le joug des gangs, dont 25 dans le département de l’Ouest.

La violence a contraint à la relocalisation de 102 institutions publiques et 622 entreprises privées, plusieurs ayant subi des actes de vandalisme ou d’incendie criminel.

Une lutte nécessaire mais inégale

Face à cette situation, la PNH maintient ses opérations à Pernier, Vivy Mitchell et d’autres zones à haut risque. Toutefois, sans ressources suffisantes, ni soutien international renforcé, la reprise totale du contrôle reste un objectif lointain. La paix à Port-au-Prince dépendra de la capacité des autorités à rompre l’impunité et à proposer une alternative durable à la jeunesse que les gangs enrôlent chaque jour.

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