Quand les figures emblématiques du pouvoir en viennent à dénoncer le système qu’elles ont servi, c’est que la fracture est profonde. Karine Jean-Pierre, ex-porte-parole de la Maison-Blanche et icône de la diversité politique américaine, prend ses distances avec le Parti démocrate. Sa décision, inattendue mais éloquente, s’accompagne d’un livre à paraître qui promet de lever le voile sur les zones d’ombre d’un mandat à bout de souffle. Son témoignage vient confirmer ce que beaucoup soupçonnaient : derrière les communiqués bien huilés, l’Amérique institutionnelle vacille.
Karine Jean-Pierre, ancienne porte-parole de la Maison-Blanche, a annoncé son départ fracassant du Parti démocrate. Un geste fort qu’elle accompagne d’un livre explosif, Independent: A Look Inside a Broken White House, Outside the Party Lines, à paraître le 21 octobre. À travers cet ouvrage, elle revient sur les dessous du retrait de Joe Biden de la présidentielle de 2024 et dénonce les dysfonctionnements profonds du système politique américain.
Née en Martinique de parents haïtiens ayant émigré aux États-Unis, Jean-Pierre incarne une trajectoire historique : elle fut la première femme noire et ouvertement homosexuelle à occuper le poste de porte-parole de la Maison-Blanche. Après avoir été une figure incontournable des campagnes d’Obama (2008 et 2012) puis de Biden (2020), elle était jusqu’ici une fidèle représentante du camp démocrate.
Mais aujourd’hui, la rupture est totale. Selon son éditeur Legacy Lit (filiale d’Hachette), Jean-Pierre dévoile dans son livre « les trois semaines critiques qui ont mené Joe Biden à abandonner sa campagne pour un second mandat » — une décision qu’elle relie directement à la trahison de l’appareil démocrate. Elle y critique également « la désinformation ambiante, les jeux d’influence internes et l’inaction volontaire face à l’état de santé préoccupant du président ».
Ces révélations interviennent dans un contexte déjà tendu. Un autre ouvrage, Le Péché originel des journalistes Alex Thomson et Jake Tapper, documente une stratégie délibérée de la Maison-Blanche pour masquer les faiblesses physiques et cognitives du président, notamment en réduisant ses contacts avec les journalistes… et même certains membres de son propre gouvernement.
Jean-Pierre, quant à elle, a longtemps été sur la ligne de front de cette gestion opaque. Accusée par certains, surtout dans le camp républicain, d’avoir menti sur la santé de Biden, elle s’était attirée les foudres après le débat calamiteux du 27 juin contre Donald Trump. Elle avait alors attribué les faiblesses de Biden à un simple « rhume », avant de rectifier pour parler de « fatigue » due à un voyage international terminé plusieurs jours auparavant.
Aujourd’hui, en adoptant l’étiquette d’indépendante, elle veut se libérer des contraintes partisanes et sonne l’alarme : le système politique américain, basé sur un affrontement binaire stérile, est à bout de souffle. Son témoignage d’initiée pourrait bien résonner comme un électrochoc.