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❝Condamner les balles… tout en chargeant les fusils❞

Le Conseil Présidentiel verse des larmes… mais de crocodile

Quelques lignes postées sur le Facebook officiel de la Présidence. Une note empreinte de douleur, de dignité, d’un ton institutionnel parfaitement rodé : le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) « condamne avec la plus ferme rigueur » l’assassinat brutal de trois policiers de l’UDMO dans le département de l’Artibonite.

Mais cette émotion solennelle, qui semble sincère en apparence, soulève un malaise profond. Car comment peut-on condamner un acte barbare, tout en nourrissant, armant ou même pactisant avec les structures criminelles qui rendent possible ce carnage au quotidien ? Voilà l’hypocrisie que dénoncent de plus en plus de voix citoyennes.

Larmes publiques, compromissions privées

Les noms des trois policiers tombés — Jean Louis Daniel, Dareus Daniel et Fegensly Mertus — sont brandis comme symboles du sacrifice. Mais pendant ce temps, le gouvernement multiplie les gestes ambigus, les alliances troubles, les silences complice. Les territoires entiers sont abandonnés aux gangs, les routes sont sous contrôle armé, et les institutions sécuritaires semblent saignées à blanc… sauf quand il s’agit de réprimer les protestataires, les journalistes ou les mouvements populaires.

On se demande alors : à quoi bon des mots de deuil quand les actes trahissent un mépris de la sécurité publique ? À quoi bon « s’incliner humblement » devant les cercueils, quand on ne cesse de compromettre toute chance de justice ?

Le peuple pris en otage

Le plus tragique, c’est que ces agents tombés sont eux-mêmes victimes d’un système politique pourri : envoyés au front sans moyen, exposés dans des zones gangrenées, puis enterrés avec des discours convenus — pendant que les commanditaires de leur mort dînent en paix dans les hautes sphères.

Le Conseil Présidentiel, censé être une transition vers le changement, a au contraire perpétué les logiques d’impunité. Pendant qu’ils communiquent leur tristesse, le peuple, lui, vit dans la peur, la faim, l’exil intérieur. Une population exsangue que le régime n’écoute plus, ne protège plus, ne représente plus.

Pas un drame de trop. Le même drame, encore.

« Ce drame de trop », écrit la présidence. Mais ce n’est pas un drame de trop. C’est le même drame, qui se répète, et que vous tolérez, parfois même orchestrez. En dénonçant publiquement ces crimes, tout en protégeant les criminels ou en ignorant volontairement leurs racines politiques, le Conseil Présidentiel ne fait qu’insulter la mémoire des morts.

L’indignation du peuple est réelle. Pas celle du pouvoir.

L’indignation du pouvoir est une mise en scène. Celle du peuple, elle, est réelle. Elle est vive. Elle est douloureuse. Et elle ne disparaîtra pas sous une couche de mots creux ou de promesses inutiles.

Car tant qu’on ne traquera pas les assassins, même quand ils portent costume et cravate, tant qu’on ne rompra pas avec l’impunité systémique, alors il n’y aura pas de paix. Pas de justice. Et certainement, pas d’avenir.

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