PORT-AU-PRINCE, mardi 22 juillet 2025 (RHINEWS) — De Port-au-Prince à Milot, en passant par le Cap-Haïtien, Haïti s’embrase au rythme du compas direct à l’occasion d’une semaine nationale dédiée à ses 70 ans d’existence. Loin d’être une simple commémoration, cette initiative ambitieuse vise à structurer l’industrie musicale haïtienne, tout en transmettant ce patrimoine vivant aux nouvelles générations.
Un rythme qui unit les Haïtiens d’ici et d’ailleurs
Depuis sa création en 1955 par Nemours Jean-Baptiste, le compas fait vibrer les cœurs haïtiens, qu’ils soient à Port-au-Prince, Miami ou Montréal. C’est cet héritage, à la fois musical et identitaire, que célèbre l’organisation Initiative Pro Media, avec un programme riche et symbolique.
L’événement, lancé le 21 juillet à l’hôtel NH El Rancho, se déroule sous le thème créole « Gad devan : Onore, Ankadre, Bati pou demen » — un appel à honorer le passé, structurer le présent, et construire l’avenir.
Conférences, culture et politique culturelle
À Port-au-Prince, le 22 juillet, une conférence fondatrice réunira les acteurs clés du secteur : ministère du Commerce, Bureau haïtien des droits d’auteur (BHDA) et promoteurs culturels. L’objectif ? Établir les bases juridiques et économiques d’une véritable industrie musicale haïtienne, capable de protéger les artistes et valoriser leur travail.
Le Nord au cœur de la dynamique
Le 25 juillet, le Cap-Haïtien accueillera un forum inédit sur le compas et le tourisme événementiel. Ministère du Tourisme et entrepreneurs locaux y réfléchiront à la transformation des festivals haïtiens en pôles d’attraction régionaux et internationaux. Une stratégie prometteuse pour relancer l’économie locale par la culture.
Grand final dans le Palais Sans-Souci
Le point culminant de cette semaine se tiendra le 26 juillet à Milot, dans le majestueux Palais Sans-Souci, joyau architectural du patrimoine haïtien. Un concert orchestral inédit sera donné par de jeunes artistes du Nord, accompagné d’un spectacle chorégraphique mettant à l’honneur la danse compas, souvent reléguée au second plan.
Nemours Jean-Baptiste à l’honneur
Lors de la soirée d’ouverture, le professeur Richard Devil a retracé avec émotion le parcours du père du compas. De coiffeur à génie musical autodidacte, Nemours Jean-Baptiste a créé un genre qui transcende les frontières. Devil a d’ailleurs proposé que le nom du musicien soit attribué à une artère nationale, pour inscrire durablement son œuvre dans le paysage urbain et la mémoire collective.
Une jeunesse compas prête à prendre le relais
La soirée s’est conclue sur une performance énergique du groupe Chwam, preuve éclatante que la relève est assurée. Le compas continue de parler aux jeunes, qui le réinventent tout en respectant ses fondements.
Un manifeste culturel pour l’avenir
Plus qu’un hommage, cette semaine du compas est un véritable manifeste pour la culture haïtienne. Elle rappelle que la musique peut unir, inspirer et projeter une image positive du pays, même en période de crise. Le compas a 70 ans, mais n’a jamais été aussi actuel ni aussi porteur d’espoir.