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Haïti/Kidnapping : des employés de l’UNICEF libérés après trois semaines de captivité

Après trois semaines d’angoisse, cinq employés de l’UNICEF enlevés en Haïti ont finalement retrouvé la liberté. L’agence onusienne a confirmé leur libération dans un communiqué publié lundi dernier. Les six membres de la mission humanitaire avaient été capturés le 7 juillet à Port-au-Prince, dans une zone sous le contrôle de groupes armés. L’un d’eux avait été relâché dès le lendemain, tandis que les autres ont été détenus jusqu’à leur libération cette semaine.

L’UNICEF n’a pas précisé si une rançon avait été versée pour leur libération. Le sort des otages reste entouré de nombreuses zones d’ombre, notamment sur les négociations qui ont permis leur retour.

Les gangs, une menace persistante

Les enlèvements contre rançon sont devenus un pilier du financement des gangs haïtiens, alimentant l’achat d’armes et de munitions. De plus en plus indépendants de leurs soutiens traditionnels dans le monde des affaires, ces groupes armés s’appuient désormais sur l’extorsion, les péages routiers et les kidnappings pour asseoir leur pouvoir sur la capitale et ses environs.

D’après les chiffres de l’ONU, près de 1 494 personnes ont été enlevées depuis le début de l’année 2024 — un chiffre qui illustre l’explosion de la violence en Haïti. Et les experts s’accordent : la réalité est bien plus alarmante. Moins de 10 %des cas seraient officiellement recensés, selon Austin Holmes, spécialiste humanitaire basé en Haïti. « L’ampleur réelle est stupéfiante : probablement dix fois supérieure à ce qui est rapporté », a-t-il déclaré.

Un système de rançon bien rodé

Les récits de captivité révèlent un système brutal et organisé. Jeff Frazier, un Américain enlevé en 2023 par le même gang dirigé par Renel Destina, alias Ti Lapli, se souvient avoir été détenu pendant 43 jours aux côtés d’autres otages. Il décrit un processus dans lequel les ravisseurs réclament plusieurs rançons, envoyant aux familles des preuves de torture pour forcer la main.

« Certains paient trois ou quatre fois avant d’être libérés », explique-t-il, ajoutant que les gangs préfèrent ne pas tuer leurs victimes, pour ne pas perdre la source de revenu que représente la rançon.

Frazier s’est dit surpris de la libération rapide des employés de l’UNICEF et évoque la possible pression exercée par la présence croissante de sociétés militaires privées américaines sur le territoire haïtien.

Des chefs de gang identifiés mais toujours actifs

Plusieurs chefs de gang font l’objet de poursuites à l’international. En mars, Johnson André, dit Izo, a été inculpé par la justice américaine pour l’enlèvement d’un citoyen américain. En mai, Germine Joly, leader des 400 Mawozo, a été reconnu coupable à Miami d’avoir orchestré l’enlèvement de 16 missionnaires américains en 2021. Il purge actuellement une peine de 35 ans pour une affaire de trafic d’armes, mais attend encore sa condamnation pour cet enlèvement.

L’UNICEF appelle à la protection du personnel humanitaire

Les employés récemment libérés bénéficient désormais de soins médicaux et de soutien psychologique. Ils ont pu retrouver leurs proches.

Dans son communiqué, l’UNICEF rappelle avec fermeté que « les travailleurs humanitaires ne sont pas et ne devraient jamais être une cible ». L’agence insiste sur l’importance de leur mission auprès des enfants et des familles les plus vulnérables, et exhorte toutes les parties à respecter le droit international humanitaire.

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