OEA et CPT

Haïti : l’OEA alerte sur un risque de vide politique après le 7 février 2026

Port-au-Prince, 2 août 2025 – À l’approche de la fin du mandat du Conseil présidentiel de transition (CPT), fixée au 7 février 2026, l’Organisation des États américains (OEA) tire la sonnette d’alarme. Dans un document stratégique intitulé « Haiti Strategic Roadmap for Coordinated International Support », l’organisation met en garde contre un possible vide politique, porteur de graves conséquences pour la stabilité du pays.

« L’échéance imminente du mandat du Conseil présidentiel de transition, le 7 février 2026, place Haïti au bord d’un vide politique », peut-on lire dans le texte.

L’OEA ne cache pas son inquiétude : ce vide institutionnel, conjugué aux défis sécuritaires persistants, pourrait anéantir les avancées réalisées depuis l’installation du CPT en avril 2024, affaiblir l’élan réformateur et décourager les efforts de soutien international.

L’improbable tenue d’élections d’ici février 2026

Ce terme fort de « vide politique » révèle aussi, en creux, une réalité partagée au sein des instances internationales : des élections crédibles ne pourront probablement pas être organisées dans les délais prévus.

Bien que la feuille de route évoque des éléments techniques du processus électoral — réforme du Conseil électoral provisoire (CEP), enregistrement biométrique, campagnes d’éducation civique, observation internationale — aucune date n’est mentionnée. Cette absence d’échéancier est interprétée comme une reconnaissance implicite du retard accumulé.

Un changement d’équilibre diplomatique : l’OEA prend les commandes

Jusqu’à récemment, c’est la CARICOM, appuyée par les États-Unis, qui pilotait les discussions politiques en Haïti. Sous l’égide du gouvernement d’Ariel Henry, un groupe de personnalités éminentes (EPG) avait été mandaté pour parvenir à un compromis entre les différents acteurs haïtiens, aboutissant à la création du CPT.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et la nomination de Marco Rubio à la tête de la diplomatie américaine ont modifié la donne. Désormais, c’est l’OEA qui est appelée à jouer un rôle central dans la résolution de la crise.

« Cette feuille de route propose de structurer un mécanisme de coordination civile pour l’appui international à Haïti, fondé sur les mandats de l’OEA », indique le document.

Ce positionnement traduit une évolution stratégique majeure : l’OEA ne se limite plus à un rôle d’accompagnateur, elle entend coordonner et orienter les efforts internationaux, en lien avec des partenaires comme l’ONU et la CARICOM. En filigrane, cela signifie aussi que les arbitrages cruciaux se feront à Washington et à Washington D.C. (où se trouve le siège de l’OEA), reléguant la CARICOM à un rôle secondaire.

Des alternatives discutées face au CPT contesté

Alors que les critiques à l’encontre du CPT s’intensifient — inefficacité, opacité, manque de légitimité — plusieurs voix issues de la classe politique et de la société civile proposent des alternatives. Certains plaident pour une réduction du nombre de membres du Conseil, d’autres suggèrent que la Cour de cassation, conformément à la Constitution de 1987, assure la transition en cas de vacance du pouvoir.

Une feuille de route en attente d’adoption

Il convient de rappeler que ce document stratégique s’inscrit dans le prolongement d’une résolution adoptée lors de la dernière Assemblée générale de l’OEA. S’il venait à être validé par le Conseil permanent dans les semaines à venir, il deviendrait le cadre de référence pour l’action internationale en Haïti, sous la houlette de l’OEA.

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