Alors que l’installation de Me Guy Alexis devait marquer un renouvellement au Parquet de Port-au-Prince, le processus a été stoppé net. Le CSPJ a mis en avant plusieurs irrégularités et a refusé de valider la décision de transfert prise par le ministre Patrick Pélissier, sans concertation préalable.
Face à cette impasse, le ministre a finalement choisi de nommer le substitut commissaire Me Roosevelt Cadet en remplacement de Me Frantz Monclair, créant un véritable retournement de situation.
Le RNDDH charge le ministre Pélissier
Pour Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), cet échec est « entièrement imputable » au ministre de la Justice. Il l’accuse de maladresse, d’incompétence et de manque d’élégance politique, soulignant qu’il n’a pas su défendre correctement le dossier devant le CSPJ ni instaurer une relation de travail harmonieuse avec ses membres.
« Le transfert de Me Guy Alexis a été décidé sans l’avis du CSPJ », rappelle Pierre Espérance, qui y voit une violation des règles et un signe d’improvisation ministérielle.
Un magistrat compétent écarté
Le RNDDH estime pourtant que Me Guy Alexis possédait toutes les qualités pour diriger le Parquet de Port-au-Prince. Magistrat expérimenté et respecté, il a fait ses preuves à Croix-des-Bouquets. Son écartement alimente les critiques contre la politique pénale menée par Patrick Pélissier.
Pierre Espérance cite notamment l’exemple du dossier des trois conseillers-présidents de la BNC, impliqués dans un vaste scandale de corruption. Depuis janvier 2025, ce dossier reste bloqué au Parquet, sans réquisitoire définitif.
Une Justice fragilisée
Ce nouvel épisode renforce la perception d’une Justice en crise, tiraillée entre luttes d’influence, opacité et manque de coordination institutionnelle. Pour beaucoup, la responsabilité du ministre Pélissier est désormais engagée dans l’échec d’une réforme attendue et dans l’affaiblissement de la crédibilité du système judiciaire.