Des centaines de détenus du centre de rétention pour migrants en situation irrégulière, surnommé l’« Alcatraz des alligators », ont disparu de la base de données officielle de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement). Situé en plein cœur des marécages de Floride, cet établissement, ouvert en juillet, suscite depuis son inauguration une vive controverse.
Des centaines de migrants introuvables
Selon le Miami Herald, près de deux tiers des 1 800 détenus recensés en juillet n’apparaissent plus dans le registre en ligne de l’ICE. Environ 800 personnes sont totalement absentes de la base de données, tandis que pour 450 cas, le site se contente d’indiquer : « appeler l’ICE pour plus de détails ».
Les avocats spécialisés en droit migratoire estiment que cette mention vague peut signifier un transfert en cours, une expulsion imminente ou un dossier encore en traitement. Problème : la majorité des personnes détenues n’avaient reçu aucun ordre définitif d’expulsion avant leur incarcération, d’après des documents internes obtenus par le journal.
Le cas de Michael Borrego Fernandez, un Cubain de 35 ans, illustre ces inquiétudes. Après avoir transité par plusieurs centres, ses proches sont restés sans nouvelles pendant une semaine, avant d’apprendre qu’il avait finalement été expulsé vers l’État mexicain de Tabasco, alors même qu’il souffrait de problèmes de santé.
Les critiques contre l’« Alcatraz des alligators »
Construit au milieu d’une zone humide infestée d’alligators, de crocodiles et de pythons, le centre est dénoncé depuis son ouverture comme inhumain. Amnesty International dénonce un accès limité à l’eau potable, aux soins médicaux et aux avocats, ainsi que des atteintes psychologiques liées à l’isolement et à la dangerosité de l’environnement.
Le Département de la Sécurité intérieure (DHS) a toutefois défendu le dispositif, affirmant que les détenus peuvent communiquer avec leurs proches et leurs avocats et que l’objectif de l’ICE est de procéder aux expulsions le plus rapidement possible.
Une fermeture compromise par la justice
En août, la juge fédérale Kathleen Williams avait ordonné de cesser d’y transférer de nouveaux détenus et de réduire progressivement les activités du centre, estimant que sa construction avait enfreint les lois environnementales fédérales. Mais début septembre, une cour d’appel d’Atlanta a annulé cette décision, redonnant un souffle de vie à l’établissement.
Le gouverneur républicain Ron DeSantis s’est félicité de ce revers judiciaire, dénonçant une décision « idéologique » rendue par « un juge de gauche ».
Vers plus de centres similaires ?
Si l’avenir d’« Alligator Alcatraz » reste incertain, l’administration Trump et plusieurs États républicains semblent déterminés à poursuivre cette politique de centres de rétention. La BBC rapporte que de nouvelles installations temporaires sont déjà en construction, comme le « Deportation Depot » en Floride ou le « Speedway Slammer » dans l’Indiana.
Pour Tom Homan, responsable de la politique d’expulsions de l’administration Trump, ces établissements restent des « installations de transition », mais l’ICE a désormais « les fonds nécessaires pour construire des infrastructures permanentes ».

