PORT-AU-PRINCE, lundi 22 décembre 2025 – Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) a transmis, le 22 décembre, une lettre officielle à l’Inspecteur général en chef de la Police nationale d’Haïti (PNH), Frédéric Leconte, dans laquelle il fait état d’informations jugées « particulièrement préoccupantes » concernant l’implication présumée de sept agents de l’Unité départementale de maintien d’ordre (UDMO) dans des activités criminelles et des liens avec des gangs armés actifs dans l’Artibonite.
Signée par la responsable de programmes du RNDDH, Rosy Auguste Ducena, et par son directeur exécutif, Pierre Espérance, la correspondance précise que ces informations sont issues d’une enquête menée sur la situation sécuritaire qualifiée de « chaotique » dans ce département. L’organisation demande à l’Inspection générale de la PNH (IGPNH) l’ouverture d’enquêtes approfondies en vue de sanctions disciplinaires et judiciaires.
Selon le RNDDH, entre janvier et novembre 2025, au moins 27 massacres et attaques armées ont été recensés dans huit communes de l’Artibonite. L’organisation indique avoir déjà publié un premier rapport sur ces violences et poursuivre ses investigations afin d’en déterminer les causes profondes. C’est dans ce cadre qu’elle affirme avoir découvert des liens présumés entre des agents de l’UDMO et trois gangs affiliés à la coalition « Viv Ansanm » : Kokorat San Ras, la Base Gran Grif et le gang des Talibans.
Le RNDDH soutient que certains policiers fourniraient des armes et des munitions à ces groupes, leur transmettraient des informations stratégiques sur les opérations policières et participeraient à la gestion de postes de rançonnement. L’organisation avance également que le gang Kokorat San Ras aurait été formé par des agents de l’UDMO.
La lettre évoque en outre l’existence de postes de rançonnement installés par une brigade d’autodéfense appelée « La Coalition », qui fonctionnerait en coordination avec des agents de l’UDMO. Le RNDDH cite notamment le poste de Jean-Denis, présenté comme étant contrôlé par un dénommé Francky Pierre, alias « Ti Mepri ».
Sept agents de l’UDMO sont nommément cités par l’organisation, présentés comme agissant « de concert » au sein d’une « association de malfaiteurs », dont trois seraient considérés comme des chefs de file présumés. Le RNDDH détaille, pour chacun, des accusations allant de la vente illégale de munitions et de liens avec des gangs armés à des dossiers d’escroquerie, de violences, de spoliation et de collaboration présumée dans des attaques meurtrières.
Parmi les cas évoqués figurent notamment des soupçons de fourniture d’armes à des gangs, de participation à des réseaux de rançonnement, de perception de fonds illicites, ainsi que de violations graves des droits humains. L’organisation dénonce également des cas d’exécutions sommaires, d’usage abusif d’armes létales et de bastonnades impliquant des agents de l’UDMO dans le département.
De manière générale, le RNDDH estime que l’UDMO est confrontée à de « graves dysfonctionnements » et affirme que le comportement de certains de ses agents dans l’Artibonite ne permettrait plus de les distinguer des groupes armés qu’ils sont censés combattre.
Face à la dégradation continue de la situation sécuritaire et à la recrudescence des violences enregistrées en 2025, le RNDDH appelle l’Inspection générale de la PNH à diligenter sans délai une enquête, à évaluer le comportement des agents concernés et à transmettre les résultats des investigations à la justice haïtienne « pour les suites de droit ». L’organisation regrette par ailleurs que, selon elle, plusieurs rapports antérieurs soient restés sans suite.

