Crise en Haïti : Shaheen presse Rubio d’agir

Crise en Haïti : Shaheen presse Rubio d’agir

La pression monte à Washington pour que les États-Unis réévaluent leur stratégie face à l’aggravation de la crise sécuritaire en Haïti. La sénatrice démocrate Jeanne Shaheen a adressé une lettre au secrétaire d’État Marco Rubio, l’exhortant à agir face à la montée incontrôlée des gangs armés.

Une lettre d’alerte sur la situation humanitaire et sécuritaire

Dans une lettre de trois pages révélée par le Miami Herald ce 12 mai 2025, Jeanne Shaheen, membre influente de la commission sénatoriale des relations étrangères, met en garde contre le risque d’effondrement total de l’État haïtien. Elle appelle les États-Unis à reprendre un rôle de leadership actif, jugeant la situation plus grave qu’il y a un an.

« Sans un leadership américain fort, Haïti est en passe de devenir un État en faillite, envahi par des groupes criminels armés », déclare la sénatrice.

Mission kényane fragilisée et financement incertain

Shaheen alerte également sur le sort de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS) dirigée par le Kenya. Sous-financée, avec à peine 1 000 agents déployés sur les 2 500 prévus, la mission peine à contenir les violences.

L’opérateur de la base construite près de l’aéroport de Port-au-Prince attend une confirmation de paiement de 200 millions USD pour poursuivre ses opérations à partir de septembre. Des ressources sont encore nécessaires pour équiper la mission, construire d’autres bases et accueillir jusqu’à 5 000 forces armées.

Des gangs toujours plus puissants et destructeurs

La situation sur le terrain continue de se détériorer. Les gangs armés ont récemment incendié le concessionnaire Automeca à Port-au-Prince, et attaqué le commissariat de Furcy, coupant l’accès à plusieurs quartiers. Le maire de Kenscoff rapporte des morts et des blessés, ainsi que l’occupation d’une école et d’une église.

Désignation de groupes terroristes : un tournant ?

Le 2 mai, sous l’impulsion de Marco Rubio, les États-Unis ont désigné comme organisations terroristes les gangs « Viv ansanm » et « Gran grif », rejoignant ainsi d’autres groupes criminels latino-américains.

« Cette décision constitue une étape importante pour bloquer aux gangs l’accès à l’argent, aux munitions et aux appuis internationaux », a affirmé l’ambassadeur américain Dennis Bruce Hankins.

Cependant, les États-Unis excluent toujours l’envoi de troupes sur le terrain, préférant soutenir la PNH (Police Nationale d’Haïti) et la mission kényane.

Un appel à l’action pour éviter l’irréversible

Shaheen appelle à :

  • rétablir les financements coupés,
  • intensifier les opérations contre les gangs,
  • renforcer la lutte contre le trafic d’armes,
  • envisager une mission officielle de l’ONU, en discutant avec la Chine et la Russie.

Elle insiste sur l’intérêt stratégique pour les États-Unis : « Il est dans l’intérêt national des États-Unis de se mobiliser et non de se retirer d’Haïti. »

Blocage politique et incertitudes électorales

Symbole du chaos, le référendum constitutionnel du 11 mai a été annulé, et les élections prévues en novembre semblent désormais compromises, accentuant la crise institutionnelle.

Tags: No tags

Les commentaires sont fermés.