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Déplacés internes : une énième promesse politique face à une urgence humanitaire qui s’aggrave

Port-au-Prince, 13 juin 2025 — Sous les tentes surchauffées des camps de déplacés de la capitale, l’attente se prolonge. Attente d’un retour à la sécurité, d’une alimentation suffisante, d’un toit digne. Ce vendredi, une délégation officielle comprenant les quatre Conseillers-Présidents et plusieurs ministres s’est rendue à la Viladakèy pour, une fois encore, écouter les doléances des responsables de camps.

Mais derrière les caméras et les discours bien huilés, la population déplacée peine à entrevoir le changement promis.


Des promesses recyclées dans un contexte d’urgence chronique

Lors de cette visite, les représentants du Conseil Présidentiel de Transition ont annoncé des mesures : distribution de kits alimentaires, mise en place d’abris temporaires, ouverture de restaurants communautaires et d’un programme scolaire. Des solutions qui rappellent étrangement celles formulées… l’année dernière, et celle d’avant.

Ces déclarations, bien que présentées comme urgentes, sonnent pour beaucoup comme un déjà-vu politique, sans garantie d’application concrète. Dans les faits, les déplacés continuent de vivre dans l’insalubrité, exposés aux intempéries et aux violences.


L’indécence d’un “plan provisoire”

Le Conseil a tenu à préciser que ces mesures sont provisoires, en attendant “la fin prochaine de l’insécurité”. Une affirmation jugée irréaliste dans un pays où l’État a perdu le contrôle de larges portions de territoire.

S’il est légitime d’espérer un retour à la normale, parler de solutions transitoires sans plan de sécurité crédible relève presque de l’irresponsabilité politique.


Une gouvernance de l’urgence sans résultats visibles

Plus inquiétant encore, la création d’une énième “commission de suivi” vient s’ajouter à la longue liste d’organismes sans moyens réels ni volonté politique forte. Dans les camps, les déplacés eux-mêmes n’y croient plus.

“On a déjà tout entendu. Tant qu’ils ne vivent pas ce que nous vivons, leurs promesses restent des mots”, confie une mère de famille, rencontrée à Carrefour.


Un manque de transparence et de résultats

Le directeur du FAES a réaffirmé que des kits alimentaires et des cantines seront mis à disposition. Mais aucun chiffre précis, aucune date, ni calendrier d’action n’a été communiqué. Le flou règne — comme trop souvent dans la gestion des crises en Haïti.


La confiance rompue

Au-delà des effets d’annonce, la situation appelle à une approche rigoureuse, transparente et participative. Car les déplacés internes d’Haïti n’ont pas besoin de promesses : ils ont besoin d’actes. L’urgence est réelle. Et chaque jour de retard se paie en souffrance humaine.

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