Élections en Haïti

Élections en Haïti : Un scrutin en 2025 est-il encore envisageable ?

Port-au-Prince, 13 mars 2025 – Alors que l’Accord du 3 avril 2024 prévoit une transmission du pouvoir à des autorités élues d’ici le 7 février 2026, la tenue d’élections en 2025 semble de plus en plus compromise. Pour Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), l’insécurité galopante rend impossible toute organisation électorale crédible dans les délais impartis.

Un pays sous la menace des gangs

La montée en puissance des groupes armés, notamment Viv Ansanm, continue de plonger la population dans la terreur. Attaques ciblées, extorsions et déplacements forcés se multiplient, rendant impraticable toute logistique électorale. « Comment parler d’élections alors que des millions d’Haïtiens vivent dans la peur et que l’État est incapable d’assurer leur sécurité ? », s’interroge Espérance.

L’activiste des droits humains dénonce une collusion entre certains acteurs politiques et économiques ayant favorisé l’ascension des gangs. « Ces groupes ne sont pas apparus du jour au lendemain. Ils ont été armés, financés et protégés par des secteurs influents », affirme-t-il, pointant du doigt une complicité qui entrave tout retour à l’ordre.

Le Conseil Présidentiel sous le feu des critiques

Pierre Espérance fustige le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), qu’il accuse d’inaction face à la crise sécuritaire. Après onze mois au pouvoir, le CPT peine à restaurer l’autorité de l’État et à relancer les institutions publiques. Espérance demande l’exclusion des membres du Conseil impliqués dans des affaires de corruption, notamment le scandale des 100 millions de gourdes à la Banque Nationale de Crédit (BNC) et d’autres irrégularités dans la gestion des nominations publiques.

« Tant que des personnes compromises siègent au sein du CPT, il n’y aura ni crédibilité, ni réforme possible », assène-t-il, exhortant les membres intègres du Conseil à prendre leurs responsabilités pour redorer l’image de l’institution.

Sécuriser le pays avant toute élection

Avant d’envisager un scrutin, Espérance insiste sur la nécessité d’une vaste offensive militaire contre les groupes armés. « Il faut traquer ces criminels, les priver de toute marge de manœuvre jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus dormir en paix », martèle-t-il. Il réclame une action immédiate et coordonnée, couplée à des mesures de justice rigoureuses contre les responsables de cette insécurité persistante.

À quelques mois du calendrier électoral prévu, l’incertitude demeure totale. Entre violence généralisée et fragilité institutionnelle, la question reste posée : Haïti pourra-t-elle réellement organiser des élections en 2025, ou devra-t-elle repousser une fois de plus son retour à l’ordre constitutionnel ?

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