Un rapport accablant publié par l’organisation Ensemble contre la corruption (ECC) révèle un système de gestion opaque et de détournement présumé au sein du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique (MJSAC), dirigé par la ministre Niola Lynn Sarah Devalis Octavius. Selon ce document de dix pages, pas moins de 53 millions de gourdesauraient été utilisés de manière irrégulière entre juin 2024 et mai 2025.
Parmi les anomalies signalées, l’ECC pointe une hausse inexpliquée des frais de carburant, doublés en quelques mois (passant de 3 à 6 millions de gourdes mensuels), alors même que les services du ministère sont souvent paralysés par des coupures d’électricité. L’organisation dénonce également l’acquisition de biens et services fantômes, validés sur papier mais absents sur le terrain. Plus troublant encore : 90 chèques suspects, dont 11 au nom de personnes décédées et 79 à destination d’anciens employés, auraient permis de retirer illégalement près de 3 millions de gourdes.
Le rapport met aussi en lumière les dépenses non justifiées de 50 millions de gourdes pour la célébration de la fête du Drapeau, ainsi qu’un contrat attribué sans appel d’offres à une entreprise liée à un ancien ministre membre du cabinet. L’ECC appelle à une enquête rigoureuse de la part de la BRH, de l’ULCC, de l’UCREF, de la Cour supérieure des comptes et de l’Inspection générale des finances. Ce scandale relance une fois de plus la question cruciale de la reddition de comptes dans la gestion des ressources publiques en Haïti.