Port-au-Prince, 17 juin 2025 –
Le cirque continue. Alors que le peuple haïtien croule sous la violence, la faim, l’exil forcé et une fatigue nationale généralisée, le Conseil présidentiel de transition (CPT) — censé organiser la sortie de crise — se révèle pour ce qu’il est : un conglomérat de calculs politiques, d’ambitions personnelles, et de silence coupable.
Et voilà que, dans un grand élan de lucidité tardive, Frinel Joseph, membre observateur du CPT, sort de sa torpeur pour dresser un bilan accablant… d’un échec auquel il a lui-même contribué par son inertie.
Un Conseil en ruine
Frinel Joseph n’a pas mâché ses mots : « Le CPT est bloqué. » Une phrase simple, évidente, mais dont l’impact est terrible. À peine huit mois avant la fin de son mandat, le CPT n’a ni ramené la sécurité, ni fait avancer un référendum, ni organisé les élections promises pour 2026.
Pire : les divisions internes paralysent tout. Méfiance, calculs, sabotages discrets… Ce n’est plus un organe de transition, c’est un club d’opportunistes.
La présidence tournante ? Un désastre.
Trois « présidents » déjà, dont le dernier, Fritz Alphonse Jean, revenu discrètement du Brésil le 15 juin, se fait désormais discret comme une ombre. Aura-t-il senti que le vent tourne et que le peuple commence à flairer les manigances ? Ce silence est suspect. Ce retour discret, troublant.
Frinel Joseph, lanceur d’alerte ou frustré ?
Mais si Frinel Joseph dresse un portrait aussi noir, c’est qu’il a lui-même pris part à cette comédie pendant plus d’un an.
Il a vu. Il a su. Il a gardé le silence.
Pourquoi parle-t-il aujourd’hui ? Pourquoi cette lettre ouverte pleine d’indignation maintenant ?
Certains y voient un acte courageux. Mais beaucoup y perçoivent une frustration personnelle : celle d’un homme qui, peut-être, n’a pas reçu sa part de gâteau cette semaine.
Sa critique du non-respect des engagements, de l’opacité budgétaire, du ridicule de la présidence tournante — tout est vrai. Mais elle aurait dû venir il y a des mois, pas maintenant, à la veille d’un effondrement annoncé.
Fritz Jean, profil bas et agenda flou
Pendant ce temps, le président actuel du CPT, Fritz Jean, est revenu du Brésil dans une indifférence totale.
Pas de déclaration. Pas de conférence. Pas même un communiqué.
Il évite les caméras, les questions, et peut-être la vérité.
Fritz Jean sait que son mandat est un échec, que le peuple n’est plus dupe, que le Conseil est devenu la vitrine d’un pouvoir illégitime, nourri aux promesses mortes et aux deals obscurs.
Deux visages d’un même naufrage
Le plus triste dans cette affaire, c’est que ni le président silencieux ni l’observateur bavard ne sont réellement innocents.
L’un s’accroche à son fauteuil et évite les regards.
L’autre crie au désastre après avoir dormi sur les bancs du Conseil pendant un an.
Le peuple haïtien, lui, n’a ni la patience, ni l’estomac pour ces manœuvres. Il veut la vérité. Il veut la sécurité. Il veut la fin de ce bal de vautours.