Port-au-Prince, 16 juin 2025 — Frinel Joseph, jusque-là discret membre du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) chargé des affaires électorales, sort enfin de son silence. Avec Régine Abraham, également observatrice au sein du CPT, ils étaient tous deux jugés invisibles et inutiles dans une instance gangrenée par les querelles internes et l’inefficacité.
Dans une lettre adressée à ses collègues, Frinel dresse un tableau sévère du fonctionnement du Conseil : conflits internes, manque de transparence, blocages politiques, et échec à remplir les missions de la transition (sécurité, référendum, élections). Il critique également la présidence tournante et le silence du CPT face aux soupçons de favoritisme.
Il propose des solutions urgentes : retraite stratégique des membres, échanges avec les forces vives, meilleure communication vers la population, et adoption d’un décret référendaire pour débloquer le processus électoral.
Mais cette prise de parole arrive dans un contexte alarmant : la transition perd toute crédibilité, Haïti est sanctionnée par les États-Unis, la crise humanitaire s’aggrave, et plus de 1,3 million de déplacés sont recensés depuis le début de l’année. Le bilan est accablant : plus de 2 000 morts et deux Premiers ministres déjà nommés.
Pour beaucoup, cet appel est trop tardif. La population et plusieurs figures politiques dénoncent l’échec total du CPT et appellent ses membres à rendre leur tablier.