Pendant que Port-au-Prince se noie dans la violence, la misère et le silence d’un État absent, c’est à bord d’un avion présidentiel que Fritz Alphonse Jean, président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), a préféré prendre la fuite – direction Brasilia. Accompagné de sa garde rapprochée, il participera le 13 juin 2025 au Sommet Caraïbe-Brésil, espérant rallier un peu plus de « soutien international »… sans livrer aux Haïtiens un seul résultat concret depuis sa prise de fonction.
Ce déplacement soulève une question simple : à quoi sert cette transition, si ce n’est à faire du tourisme politique sur le dos d’un peuple qui crie famine et meurt sous les balles ?
Le mercredi 11 juin 2025, Fritz Alphonse Jean a quitté Port-au-Prince pour représenter Haïti à Brasilia lors du Sommet Caraïbe-Brésil, où il compte, selon le communiqué officiel, « rechercher des solutions durables à la crise haïtienne ». À ses côtés : la ministre de la Planification Ketleen Florestal, son directeur de cabinet Allen Sabinus Henry, et son conseiller spécial Louis Marie Daniel Dorsainvil.
Le président brésilien Lula da Silva, hôte du sommet, ambitionne de mobiliser les pays de la région en faveur d’Haïti, appelant à une réponse commune pour enrayer la spirale de violence et soutenir la transition. Noble sur le papier, creux dans les faits.
Pendant que ces discours résonnent dans des salles climatisées, 90 % de la capitale haïtienne est sous le contrôle des gangs. Des familles entières dorment dans des abris de fortune. Les hôpitaux ferment. Les ports sont paralysés. Les élèves fuient les écoles. Et le Conseil Présidentiel de Transition ? Il voyage.
Un Conseil en décalage total avec la réalité du pays
Il y a à peine une semaine, Leslie Voltaire, un autre membre du CPT, rentrait d’un séjour diplomatique en Colombie et au Salvador, après avoir participé à un autre sommet. Ces enchaînements de voyages, coûteux et stériles, renforcent l’idée d’une élite politique déconnectée, focalisée sur ses relations internationales, pendant que la population attend actions, sécurité, et justice.
Fritz Jean, pourtant décrié dans sa gestion interne, semble vouloir soigner son image extérieure. Mais la diplomatie sans ancrage dans une politique réelle de sécurité et de redressement national est vaine. Pire, elle devient provocante.
Aucun plan, aucune urgence, juste des discours
À Brasilia, aucune annonce d’aide concrète, aucun projet d’intervention sécuritaire d’envergure, aucun financement immédiat pour les déplacés internes. Tout repose, comme souvent, sur des « discussions » et de « futures coopérations ». Et pendant ce temps, le mandat du CPT glisse lentement vers son échéance de février 2026, sans que rien n’ait été véritablement accompli.
Le peuple haïtien n’a que faire de sommets diplomatiques sans lendemain. Il attend la paix, la dignité, la reprise de la vie économique, la fin de l’impunité. La transition ne peut pas être un bal masqué d’initiés, un théâtre où l’on voyage pendant que la maison brûle.