PORT-AU-PRINCE, 17 décembre 2025– L’installation du Conseil présidentiel de transition (CPT) en avril 2024 avait brièvement ravivé l’espoir d’un redressement politique en Haïti, après des mois de violences et d’effondrement institutionnel. La prestation de serment au Palais national, symbole longtemps abandonné du pouvoir républicain, avait donné l’illusion d’un retour de l’État. Le CPT s’était vu confier un mandat clair et non renouvelable : conduire le pays vers des élections et un ordre constitutionnel rétabli d’ici le 7 février 2026.
Cet élan initial s’est toutefois rapidement dissipé. L’insécurité est restée hors de contrôle, le Palais national a été déserté au profit de la Villa d’Accueil, et la présidence tournante du Conseil s’est révélée peu efficace. À ces limites structurelles se sont ajoutées de graves crises internes : scandale financier à la Banque nationale de crédit, recommandations d’inculpation visant des figures proches du pouvoir, limogeage controversé du Premier ministre Garry Conille et tensions persistantes avec son successeur. Autant d’épisodes qui ont entamé la crédibilité du CPT et renforcé la défiance de la population.
Face à cette transition fragilisée, la communauté internationale a intensifié son implication. L’OEA, en coordination avec la CARICOM, l’ONU et la BID, a proposé une feuille de route de stabilisation et de reconstruction, tandis que le Conseil de sécurité a autorisé le déploiement d’une nouvelle force multinationale robuste, la Gang Suppression Force, dotée d’un mandat offensif. À l’approche de 2026, Haïti se trouve ainsi à la croisée des chemins : la fin d’une transition contestée ouvre une période incertaine, où la survie même de l’État dépendra de la sécurité, du consensus politique et de la capacité à restaurer la confiance collective.

