Port-au-Prince, 20 juillet 2025 —
C’est sous les flashs des caméras et les mots chaleureux des officiels que le Président colombien Gustavo Petro a foulé, ce 18 juillet, le tarmac de l’aéroport Toussaint Louverture. Accueilli avec honneur par le Président du Conseil Présidentiel de Transition, Fritz Alphonse Jean, cette visite s’est voulue le symbole d’un partenariat stratégique entre Haïti et la Colombie, dans un contexte régional tendu et marqué par des enjeux sécuritaires majeurs.
Au cœur des discussions : la sécurité, la coopération Sud-Sud et la solidarité historique. Le Président Jean a rappelé les liens anciens entre Haïti et les peuples d’Amérique latine, soulignant le rôle des héros de l’indépendance haïtienne dans la lutte pour la liberté sur le continent. Il a aussi présenté un tableau sans fard de la situation nationale, plaidant pour un appui concret de la Colombie face aux défis sécuritaires et sociaux qui rongent le pays.
Le Président Petro, lui, a affiché un soutien sans détour à Haïti, promettant une coopération militaire renforcée : assistance technique, formation spécialisée des forces de sécurité haïtiennes, renforcement des capacités aériennes, terrestres et navales. L’objectif affiché : aider Haïti à reprendre le contrôle de son territoire et créer les bases d’un climat de stabilité durable.
Cette visite, la deuxième du chef d’État colombien en six mois, se veut le signe d’un engagement ferme de la Colombie auprès d’Haïti. Le geste le plus symbolique reste sans doute la réouverture officielle de l’ambassade de Colombie à Port-au-Prince, signe d’une volonté diplomatique renouvelée.
Mais au-delà des déclarations d’intention et des sourires protocolaires, une question demeure sur toutes les lèvres : quand ces promesses se traduiront-elles en changements concrets pour la population ?
Car pendant que les cortèges présidentiels traversent la capitale sous haute sécurité, les Haïtiens continuent de subir l’insécurité, la faim et l’absence de perspectives. Et si le langage diplomatique s’attarde sur la coopération et les partenariats stratégiques, le quotidien du peuple haïtien, lui, reste marqué par la peur, la violence des gangs, le chômage et la pauvreté extrême.
Les Haïtiens ne demandent plus de belles paroles ni de visites symboliques. Ils attendent des résultats.