Ils tuent, on compatit. Puis on oublie.
Ce 4 juin 2025, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a exprimé ses condoléances suite à la mort de l’agent SWAT Hilaire Esdras, abattu lors d’une mission à Pacot. Une vie sacrifiée dans l’exercice de ses fonctions. Une note officielle bien rédigée, pleine de respect et de formules honorifiques. Mais au-delà des mots, où sont les actes ?
Depuis des mois, Port-au-Prince vit au rythme des rafales et des incendies. Les gangs contrôlent des quartiers entiers, y compris les axes stratégiques menant aux institutions centrales. Le Palais national, autrefois symbole de souveraineté, est désormais encerclé, et pourtant le gouvernement de transition publie encore des notes de sympathie comme s’il n’avait aucun levier, aucune responsabilité.
Hilaire Esdras n’est pas mort pour recevoir des fleurs. Il est tombé au combat, abandonné par un pouvoir qui se contente d’observer. Où sont les opérations coordonnées pour reprendre le terrain ? Où est le soutien matériel et logistique promis aux unités spécialisées ? Où est la riposte contre ceux qui transforment les artères de la capitale en zones de guerre ?
La mort de cet agent ne doit pas s’ajouter à la longue liste des victimes oubliées de l’indifférence institutionnelle. Car au fond, pleurer un policier tombé sans rien faire pour éviter le prochain drame, c’est participer à cette mécanique du sacrifice silencieux.
Le peuple haïtien, tout comme les policiers qui le protègent, mérite mieux que des notes de deuil sans lendemain. Il mérite un État présent, cohérent, capable d’agir. Car aujourd’hui, c’est la République elle-même qui est prise en otage. Et chaque minute d’inaction signe un peu plus son effondrement.