Port-au-Prince, 28 mai 2025 – Face à l’escalade de la violence et à la montée en puissance des gangs armés, le gouvernement haïtien aurait signé un contrat avec Erik Prince, fondateur controversé de la société militaire privée Blackwater Worldwide, afin d’intensifier la lutte contre les groupes criminels qui terrorisent la capitale.
Selon une enquête du New York Times, confirmée par plusieurs sources au sein des gouvernements haïtien et américain, une opération clandestine dirigée par Prince est en cours en Haïti. Son objectif : déployer des drones armés, recruter d’anciens soldats, et organiser des frappes ciblées contre les gangs les plus dangereux du pays.
Des drones déjà actifs depuis mars
Des experts en sécurité affirment que l’équipe de Prince a commencé à utiliser des drones depuis mars 2025 pour traquer et éliminer des cibles identifiées comme membres de gangs. Si aucun chef de gang majeur n’a encore été officiellement neutralisé, les récentes frappes, notamment dans le quartier de Village-de-Dieu, auraient fait plus de 30 morts et une centaine de blessés parmi les criminels, selon Pierre Espérance, directeur du RNDDH.
« La résidence d’Izo, chef du gang “5 segonn”, son studio d’enregistrement et un véhicule rempli d’armes ont été détruits », a précisé M. Espérance.
Jusqu’à 150 mercenaires attendus
Toujours selon le NYT, jusqu’à 150 mercenaires pourraient être envoyés en Haïti cet été dans le cadre de cette opération. Prince chercherait à recruter des anciens militaires haïtiens, mais aussi des fantassins salvadoriens, avec l’intention d’utiliser trois hélicoptères de combat dans les mois à venir.
Une cargaison d’armes aurait déjà été expédiée en Haïti, bien que le gouvernement haïtien et ses partenaires n’aient pas officiellement commenté les détails logistiques de l’opération.
Le rôle ambigu des États-Unis
Des responsables américains ont confirmé être au courant de cette collaboration, sans pour autant préciser s’il s’agit d’un partenariat officiel ou d’une initiative strictement soutenue par Haïti.
Rod Joseph, un ancien militaire haïtien basé en Floride et en contact avec Prince depuis fin 2024, indique que ce dernier lui avait initialement présenté ses plans comme appuyés par Washington, avant que la mission ne passe sous l’autorité exclusive du gouvernement haïtien.
Un passé controversé
Erik Prince est une figure bien connue du monde de la sécurité privée. Son entreprise Blackwater a été au cœur de plusieurs scandales, notamment le massacre de 17 civils en Irak en 2007. Son retour dans un contexte aussi explosif que celui d’Haïti suscite de nombreuses inquiétudes parmi les défenseurs des droits humains.
« Toutes les possibilités doivent être envisagées »
Dans un entretien avec Le Nouvelliste, le ministre haïtien de l’Économie et des Finances, Alfred Métellus, a assumé l’ouverture du gouvernement à ce type de solutions extrêmes :
« Les portes sont ouvertes. Toutes les possibilités doivent être envisagées. Nous recherchons tous les Haïtiens, tous les étrangers ayant de l’expérience dans ce domaine qui veulent soutenir la police et l’armée. »