À mesure que se rapproche le 7 février 2026, date fixée comme terme du mandat du Conseil présidentiel de transition (CPT), Washington durcit nettement son discours à l’égard des dirigeants haïtiens. Dans une tribune publiée mardi 23 décembre 2025 sur les plateformes officielles de l’ambassade des États-Unis en Haïti, le chargé d’affaires Henry T. Wooster adopte un ton sans équivoque, mettant en garde ceux qui seraient tentés de s’accrocher au pouvoir.
« Les États-Unis continueront de demander des comptes à ceux qui, pour leurs intérêts personnels, cherchent à déstabiliser le pays et à se maintenir au pouvoir », écrit le diplomate. Il rappelle que Washington n’hésitera pas à recourir de nouveau à des sanctions ciblées contre des acteurs politiques ou économiques qui entraveraient le bon déroulement de la transition.
Henry T. Wooster souligne que l’année 2025 a déjà été marquée par plusieurs mesures coercitives prises à l’encontre de personnes accusées de soutenir les gangs armés, notamment par le trafic d’armes, le financement ou d’autres formes de complicité. « L’ère de l’impunité en Haïti est révolue », affirme-t-il, ajoutant que l’administration Trump poursuivra ses efforts contre tous ceux qui menacent la stabilité du pays.
7 février 2026 : une ligne rouge pour Washington
Dans sa tribune, le chargé d’affaires américain insiste sur un point central : le mandat du CPT prend fin le 7 février 2026. Selon des sources proches des milieux politiques, cette position aurait déjà été exprimée tant publiquement qu’en privé lors de rencontres avec certains conseillers-présidents. Pour Washington, il ne fait aucun doute que le CPT devra céder la place à cette échéance.
Pendant que les États-Unis maintiennent la pression, l’incertitude persiste au sein du Conseil présidentiel. Plusieurs scénarios seraient à l’étude, sans qu’aucune décision claire n’ait encore été annoncée, alimentant les interrogations sur l’avenir immédiat de la transition.
Entre crises et signaux d’espoir
Malgré un tableau largement dominé par les crises sécuritaires et politiques, Henry T. Wooster a également voulu mettre en lumière certains motifs d’espoir. Il a salué la résilience du peuple haïtien face à l’insécurité, aux déplacements forcés et à l’instabilité persistante.
Parmi les faits marquants de 2025, il cite notamment :
- la qualification historique de la sélection nationale haïtienne à la Coupe du monde, 51 ans après sa dernière participation ;
- l’inscription du compas (konpa) sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO ;
- les efforts soutenus de la Police nationale d’Haïti (PNH), malgré des conditions particulièrement difficiles ;
- le déploiement annoncé de la Force multinationale de soutien à la sécurité, qui devrait compter environ 5 500 membres pour appuyer la PNH ;
- la publication du décret électoral, considérée comme une étape clé vers le rétablissement de l’ordre constitutionnel.
Des élections comme issue à la transition
Washington réaffirme enfin son appui au processus électoral et exhorte les autorités haïtiennes à accélérer les préparatifs en vue d’élections devant permettre aux citoyens d’élire leurs dirigeants en 2026. Pour les États-Unis, la stabilité passe non seulement par le renforcement de la sécurité, mais aussi par un transfert pacifique et ordonné du pouvoir vers des institutions légitimes.
Henry T. Wooster se veut toutefois porteur d’espoir, estimant qu’une Haïti plus sûre et plus prospère demeure possible, à condition que les engagements pris soient respectés et que le calendrier de la transition soit suivi. Il conclut sa tribune en adressant ses vœux de fin d’année au peuple haïtien, tout en rappelant que les mois à venir seront déterminants pour l’avenir du pays.

