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Incendie de l’hôtel Oloffson : quand la mémoire brûle et que l’État tarde à réagir

Port-au-Prince, 8 juillet 2025 – L’hôtel Oloffson, haut lieu de la culture et de l’histoire haïtienne, a été réduit en cendres dans la nuit du 5 au 6 juillet 2025. Pourtant, ce n’est que le 8 juillet, soit plus de deux jours après les faits, que le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a réagi officiellement via un communiqué de presse publié sur ses réseaux sociaux.

Dans ce texte, le CPT exprime sa “profonde consternation” et qualifie à juste titre l’Oloffson de “joyau architectural” et de “symbole de la mémoire collective des Haïtiens”. Il rappelle son riche passé, depuis son rôle d’hôpital militaire sous l’occupation américaine jusqu’à sa reconversion en hôtel par Werner Gustav Oloffson. Le document souligne aussi l’impact culturel du lieu, ayant accueilli pendant des décennies artistes, écrivains, diplomates et musiciens, notamment le groupe RAM.

Une réaction bien tardive pour un symbole aussi fort

Ce communiqué, bien que bien rédigé et documenté, arrive trop tard pour nombre d’Haïtiens, qui espéraient une parole rapide, forte, et porteuse d’action de la part de leurs dirigeants. Pendant que la communauté artistique, des journalistes, et même des observateurs internationaux exprimaient leur tristesse ou leur colère dès les premières heures, la Présidence semblait silencieuse.

Dans un contexte où la mémoire nationale est malmenée – entre pillages, incendies, et abandon d’institutions culturelles – cette absence de réactivité peut être perçue comme un aveu de déconnexion entre les élites politiques et la société civile.

Un patrimoine qui brûle, une gouvernance qui piétine

Au-delà de la douleur symbolique, cet incendie illustre aussi les grandes failles en matière de sécurité, de sauvegarde du patrimoine et d’anticipation des risques. L’Oloffson n’était pas seulement un bâtiment. C’était un point de repère identitaire, un espace de résistance artistique, et un miroir de l’intellect haïtien.

Face à cela, l’État haïtien doit plus que des mots. Il doit poser des actions concrètes :

  • Protection renforcée des sites historiques en zone rouge.
  • Inventaire et classement du patrimoine en péril.
  • Soutien actif aux structures culturelles menacées par l’insécurité.

La mémoire ne se reconstruit pas en conférence de presse

Le retard de réaction du CPT pose une question fondamentale : quelle place les dirigeants actuels accordent-ils à la culture, à l’Histoire, et à la mémoire collective ? Un communiqué n’efface ni les flammes, ni l’impression de vide qui suit les catastrophes symboliques. Il est temps que la parole institutionnelle s’accompagne d’engagement, de prévention, et surtout de respect immédiat pour les lieux qui portent l’âme du pays.

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