Créé pour combler le vide institutionnel laissé par des années d’instabilité politique, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) devait représenter un espoir de stabilité et de reconstruction pour Haïti. Formé de plusieurs membres issus de divers secteurs politiques et sociaux, il avait pour mission de rétablir la sécurité, restaurer la confiance et préparer des élections crédibles. Pourtant, plusieurs mois après sa mise en place, le constat est accablant : le CPT peine à gouverner, incapable d’imposer une vision claire ou d’inspirer la population.
Une structure éclatée et sans cap
Dès ses débuts, la composition du CPT a soulevé des doutes quant à son efficacité. Conçu comme un organe collégial pour éviter la concentration du pouvoir, il s’est vite transformé en un espace de luttes internes et de désaccords constants.
Chaque membre, représentant un groupe ou une mouvance politique, défend ses propres intérêts, souvent au détriment de l’intérêt général.
Résultat : aucune feuille de route cohérente, aucune orientation politique stable.
Les décisions majeures sont souvent retardées, voire bloquées, par des querelles de leadership. Ce manque de coordination donne l’image d’un conseil plus préoccupé par les rapports de force internes que par la gouvernance du pays.
L’échec flagrant face à la crise sécuritaire
L’un des mandats les plus urgents du CPT était de ramener la sécurité dans un pays ravagé par les gangs armés. Or, la situation n’a fait qu’empirer.
Les groupes armés contrôlent désormais de larges portions du territoire, y compris certaines zones stratégiques de la capitale. Les déplacés internes se comptent par centaines de milliers, et la population vit dans la peur permanente.
Malgré les appels à l’aide internationale et les promesses répétées, aucune stratégie concrète n’a été mise en œuvre pour rétablir l’ordre.
Les annonces de “réformes sécuritaires” se succèdent, sans suivi ni résultats tangibles. Pour beaucoup d’observateurs, cette inaction traduit une absence totale de leadership et de volonté politique.
Un pouvoir sans légitimité populaire
Au fil des mois, la distance entre le CPT et la population s’est creusée.
Sans élection, sans véritable mandat démocratique, le Conseil peine à convaincre qu’il agit pour le bien commun. Les citoyens dénoncent un pouvoir déconnecté, enfermé dans des réunions interminables pendant que la misère s’aggrave.
Les prises de parole publiques du CPT manquent de clarté et de transparence, renforçant la perception d’un gouvernement de transition illégitime et inefficace.
Même au sein de la société civile, autrefois favorable à sa création, la lassitude domine désormais.
Conséquences économiques et sociales
L’immobilisme politique du CPT a eu des répercussions directes sur l’économie déjà fragilisée du pays.
Les investissements étrangers se font rares, les entreprises locales luttent pour survivre et la monnaie nationale poursuit sa chute.
Le climat d’incertitude freine toute reprise économique, tandis que l’inflation et le chômage atteignent des niveaux records.
Face à cette situation, de plus en plus d’Haïtiens choisissent l’exil, accentuant la fuite des cerveaux et la perte de capital humain dont le pays aurait tant besoin pour sa reconstruction.
Un pouvoir de transition en panne de mission
Le CPT devait incarner la transition vers un avenir plus stable.
Aujourd’hui, il symbolise plutôt l’échec d’une élite incapable de s’élever au-dessus de ses divisions.
Sans vision claire, sans résultats visibles, le Conseil risque de s’enliser dans l’histoire comme une étape de plus dans la longue série de transitions avortées d’Haïti.
Tant qu’aucune réforme structurelle ni volonté politique réelle ne s’imposera, la population haïtienne restera prisonnière d’un cycle d’instabilité où chaque espoir de changement finit par se dissoudre dans l’incompétence et l’indifférence des dirigeants.

