Port-au-Prince, 12 juin 2025 — Un nouveau rapport de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) révèle une situation alarmante en Haïti : plus de 1,3 million de personnes sont désormais déplacées à l’intérieur du pays, un chiffre record qui reflète l’ampleur de la crise sécuritaire provoquée par la violence des gangs.
L’étude souligne une hausse de 24 % du nombre de déplacés internes depuis décembre dernier. Cela signifie qu’environ 11 % de la population haïtienne, estimée à 12 millions, a dû fuir son domicile.
Port-au-Prince et ses environs, épicentre de la crise
Si Port-au-Prince reste au cœur des violences, les deux plus grandes régions au nord de la capitale sont elles aussi fortement touchées, avec plus de 230 000 personnes déplacées. La situation s’aggrave également dans des localités autrefois épargnées comme Mirebalais et Petite Rivière, poussant l’OIM à signaler un déplacement massif vers les zones rurales et une augmentation de plus de 70 % du nombre d’abris de fortune.
« La force du peuple haïtien force le respect, mais sa résilience ne peut être son seul refuge », a déclaré Amy Pope, directrice générale de l’OIM.
Une crise humanitaire profonde : santé, éducation, eau potable
Les conditions de vie des personnes déplacées se détériorent rapidement. Plus de 80 % d’entre elles vivent chez des proches, mais dans la capitale, beaucoup sont regroupées dans des bâtiments abandonnés et insalubres, sans accès à des services de base.
« Beaucoup vivent désormais sans soins de santé, sans école, et sans eau potable », alerte l’OIM.
Les enfants, nouvelles victimes des gangs armés
Alors que plus de 85 % de Port-au-Prince serait sous le contrôle de gangs, les autorités tirent la sonnette d’alarme sur le recrutement massif d’enfants par ces groupes armés. Pour la communauté internationale, le lien entre développement et sécurité est désormais indissociable.
« Sans développement, il n’y a pas de sécurité. Sans sécurité, il n’y a pas de développement », a déclaré Bob Rae, président du Conseil économique et social de l’ONU.
Une réponse internationale encore insuffisante
Une mission internationale dirigée par la police kenyane, soutenue par l’ONU, tente d’épauler les autorités haïtiennes. Mais elle reste sous-financée et sous-dotée, avec seulement 1 000 agents déployés sur les 2 500 prévus.
Pendant ce temps, les discussions s’intensifient entre l’ONU, la Banque interaméricaine de développement, les États caribéens et les partenaires bilatéraux. L’Organisation des États américains (OEA) est également sollicitée.
« Haïti ne peut envisager un dialogue avec des terroristes », a rappelé Leslie Voltaire, membre du Conseil présidentiel de transition, rejetant toute négociation avec les gangs armés.