Port-au-Prince, 14 mars 2025 – Un symbole du journalisme haïtien réduit en cendres. Dans la nuit du 12 au 13 mars, les locaux de la Radio Télévision Caraïbes (RTVC), situés à la ruelle Chavannes, ont été incendiés par des gangs armés affiliés à la coalition “Viv Ansanm”. Cet acte criminel, confirmé par le journaliste Johnny Ferdinand lors du journal télévisé « Gran Boulva », marque un recul brutal pour la liberté de la presse en Haïti.
Un média historique anéanti
Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent l’immeuble en proie aux flammes, tandis qu’un employé, désemparé, alerte le directeur général Patrick Moussignac :
“DG, nèg yo met dife nan radyo a wi” (DG, ils ont mis le feu à la radio).
Fondée il y a 76 ans, la RTVC n’était pas seulement un média, mais une institution nationale, témoin des grandes évolutions politiques et sociales du pays. Son destruction représente une perte inestimable pour le journalisme, la culture et l’histoire d’Haïti.
Une insécurité hors de contrôle
Depuis plusieurs mois, face à l’insécurité galopante, la RTVC avait partiellement délocalisé ses opérations à Pétion-Ville. Le centre-ville de Port-au-Prince, notamment l’avenue Christophe, Magloire Ambroise et la rue Romain, est aujourd’hui un territoire fantôme, abandonné par ses habitants et livré aux gangs.
Cet incendie criminel s’inscrit dans l’escalade alarmante de la violence qui ne vise plus seulement la population, mais aussi les institutions fondamentales du pays. La presse haïtienne, déjà sous pression, se retrouve plus vulnérable que jamais.
Une menace directe contre la liberté d’informer
L’attaque contre la RTVC n’est pas un simple acte de vandalisme. Elle traduit une stratégie d’intimidation, cherchant à réduire au silence l’un des derniers bastions du journalisme indépendant en Haïti. Alors que les gangs dictent leur loi, la question demeure : qui aura encore le courage d’informer dans un pays où la parole devient une cible ?