Goma, 3 mars 2025 – Alors que l’occupation de Goma par le groupe armé M23 se prolonge, la ville est confrontée à une crise économique majeure. Depuis plus d’un mois, les banques et autres institutions financières ont cessé leurs activités, laissant les habitants dans l’incapacité de retirer de l’argent liquide. Face à cette impasse, de nombreux Gomatraciens n’ont d’autre choix que de franchir la frontière rwandaise pour se procurer du cash et subvenir à leurs besoins.
Une économie paralysée
Depuis que le M23 a pris le contrôle de la capitale du Nord-Kivu, les infrastructures bancaires restent inaccessibles. Les habitants, déjà confrontés aux difficultés engendrées par l’insécurité, doivent maintenant jongler avec une absence quasi totale de monnaie en circulation. « Nous avons de l’argent sur nos comptes, mais il est impossible d’y accéder. Sans liquidités, il est difficile d’acheter de la nourriture ou de payer les services de base », témoigne un commerçant du marché central de Goma.
La situation a des répercussions directes sur le commerce local, où les vendeurs refusent de prendre des paiements électroniques par manque de confiance dans le système. Certains commerçants acceptent les transactions en francs rwandais, ce qui renforce l’interdépendance économique entre Goma et Gisenyi, ville frontalière située au Rwanda.
Gisenyi, la bouée de sauvetage
Dans ce contexte de crise, Gisenyi devient une alternative vitale pour les habitants de Goma. Chaque jour, des centaines de personnes traversent la frontière pour y effectuer des retraits bancaires, acheter des biens essentiels ou échanger des devises. Des opérateurs informels de change ont même émergé pour proposer des transactions, souvent à des taux défavorables.
« Aller au Rwanda est la seule solution pour récupérer de l’argent et faire tourner nos affaires », explique un habitant. Toutefois, cette dépendance économique envers le pays voisin suscite des inquiétudes, surtout en raison des tensions diplomatiques entre la RDC et le Rwanda, accusé de soutenir le M23.
Un avenir incertain
Tant que les institutions financières de Goma resteront fermées, la pression économique sur la population continuera de s’aggraver. Les autorités congolaises peinent à trouver une solution face à cette crise monétaire, tandis que l’occupation militaire empêche toute reprise normale des activités.
La population de Goma, résiliente mais épuisée, attend des mesures concrètes pour rétablir un accès stable aux liquidités et relancer l’économie locale. En attendant, le va-et-vient vers Gisenyi reste la seule échappatoire pour ceux qui cherchent désespérément à survivre.