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UCREF : fortune inexpliquée et soupçons de blanchiment autour de l’ex-mairesse de l’Arcahaie

Des comptes bancaires gonflés et suspects

Selon le rapport transmis en juillet 2024 par le DG de l’UCREF, Michel Justable, trois comptes ouverts à la Banque Nationale de Crédit (BNC) concentrent l’essentiel des anomalies :

  • Compte en gourdes (#3110000766) : plus de 96 millions HTG ont transité entre 2019 et 2023, dont des virements suspects de 10 millions HTG (Centre Commercial) et 2 millions HTG (FENAFEM.H).
  • Compte en dollars (#311007545) : plus de USD 115 000 crédités, avec des retraits rapides et sans justification.
  • Dépôt à terme (#31300000177) : plus de 3,2 millions HTG placés, sans information claire sur l’utilisation des fonds.

Les enquêteurs concluent que ces comptes servaient principalement de canaux de transit pour des fonds sans origine économique identifiable.

Patrimoine immobilier et biens de luxe

La DGI a recensé plusieurs propriétés et véhicules au nom de l’ex-mairesse, parmi lesquels :

  • Une Toyota Land Cruiser 2019, une Toyota Prado 2013, deux Nissan (2005 et 2006).
  • Un immeuble à Martissant 23 non déclaré.
  • Une maison d’habitation acquise en 1999 (12 000 USD), estimée aujourd’hui à 150 000 USD.
  • Une maison commerciale (2010) évaluée à 1 million HTG.
  • Un bureau (2021) acheté pour 100 000 USD.
  • Une ferme agricole (2011) estimée à 20 000 USD.

Plus troublant encore, une propriété à Delmas 41 a été acquise en 2022 mais enregistrée au nom de ses enfants mineurs, avec usufruit viager pour l’ex-mairesse. L’UCREF y voit une stratégie de dissimulation patrimoniale.

Revenus officiels sans rapport avec sa fortune

Employée de l’administration publique entre 2008 et 2015, Rosemila Saint-Vil Petit-Frère percevait entre 25 000 HTG et 150 000 HTG par mois selon les postes. En 2016, en tant que mairesse de l’Arcahaie, son revenu déclaré était de 130 000 HTG mensuels.
Or, sa fortune actuelle — estimée à plusieurs dizaines de millions de gourdes et des centaines de milliers de dollars — ne correspond en rien à ses revenus légaux.

Flux suspects par maisons de transfert

Par ailleurs, entre 2017 et 2019, elle a reçu près de USD 8 435 via Sogexpress, dont USD 2 328 envoyés par un particulier identifié comme Phito Anouce. L’UCREF estime que, bien que modestes, ces transferts participent à un schéma de flux financiers additionnels non négligeables.

Arrestation et enquête judiciaire en cours

Alors que l’UCREF livrait ses conclusions, l’affaire a connu un nouveau tournant.

  • Le 10 août 2025, les autorités dominicaines l’ont interpellée avec plusieurs chèques et une importante somme en liquide.
  • Le 13 août, elle a été remise officiellement à la Police nationale d’Haïti.
  • Le 16 août, elle a été transférée à la DCPJ, où elle demeure sous la garde des autorités.

L’UCREF conclut que l’ancienne mairesse s’est enrichie par des mécanismes financiers opaques et incompatibles avec ses revenus officiels, relevant d’indices graves de blanchiment de capitaux. L’organisme recommande la poursuite des investigations, notamment sur les entreprises Centre Commercial et FENAFEM.H, pour déterminer la véritable origine des fonds.

Avec cette affaire, l’ex-mairesse de l’Arcahaie, autrefois figure politique locale, apparaît désormais au cœur d’un scandale financier et judiciaire qui pourrait avoir des répercussions bien au-delà de sa commune.

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